Pathologies et soins

La crise suicidaire

On entend souvent parler de crise suicidaire, mais à quel moment commence -t- elle ? Comment ça se manifeste ? Quelles sont les idées reçues associées ?

C’est quoi « une crise suicidaire ? »

On parle de crise suicidaire quand la personne arrive à un moment de rupture relationnelle avec elle-même et son environnement. La souffrance est telle, que les moyens à disposition deviennent insuffisants. (HAS, 2006). On peut concevoir la crise suicide comme une ligne commençant par un sentiment d’échec et d’être dans une impasse. Puis, la présence d’idées suicidaires qui apparaissent petit à petit, prenant la place progressivement des solutions initialement envisagées, devenant de plus en plus envahissantes jusqu’au passage à l’acte. La tentative de suicide est une sortie possible de la crise. Il faut garder en tête que c’est l’intention qui prime dans ces situations. Cette période peut durer plusieurs semaines.

Lors de la crise, la personne peut être submergée par ses émotions, la tension ressentie épuise progressivement les ressources cognitives, ce qui fait que la recherche active de solutions s’épuise progressivement. La perception de la réalité peut être embrouillée ce qui peut entraîner la mise en place de stratégies inadaptées comme les gestes auto-agressifs ou la consommation de substances.

La crise suicidaire n’est pas une entité à part entière comme peuvent l’être d’autres troubles psychopathologiques. Elle est transversale et peut s’exprimer de diverses manières si elle se fait à travers le prisme de la schizophrénie, d’une dépression, d’un événement traumatique, etc… C’est pour cela qu’elle peut être parfois difficile à identifier.

La plupart des professionnels de santé, s’aident de l’échelle RUD (Risque, Urgences et Dangerosité) pour évaluer le risque suicidaire chez leur patient.

Dans les recommandations de la HAS (dans les ressources en fin d’article), vous pourrez trouver comment le repérer à chaque âge (car il y a des particularités, la crise ne s’exprimant pas de la même façon chez l’enfant et chez l’adulte) et comment le repérer si vous n’êtes pas un professionnel de santé.

Les idées reçues à absolument déconstruire

« En parler, c’est donner l’idée à l’autre »

Même parmi les professionnels de santé, la question du suicide peut rester encore tabou. On n’ose pas en parler de peur que cela puisse donner des idées à la personne concernées. Déconstruisons cette première idée reçu ensemble : NON, on ne donne pas d’idées aux personnes concernées en parlant de suicide avec eux. Les personnes concernées n’ont pas attendu que l’on en parle ensemble pour avoir ces idées. En parler, c’est pouvoir permettre à l’autre de ne pas rester seul avec ses idées envahissantes, c’est pouvoir accueillir un peu de sa douleur pour le soulager.

« Si j’en parle, je vais me faire hospitaliser »

C’est une idée que beaucoup de personnes vont avoir, et pourtant, parler de ses idées suicidaires n’entraîne pas nécessairement une hospitalisation. Comme nous l’avons vu sur le schéma, la crise suicidaire est une période assez délimitée, une suite de processus à l’oeuvre. Parler de la présence de ses idées peut justement ralentir ou stopper le processus. Vous n’êtes pas forcé d’être seul dans la recherche de solution, vous n’êtes pas forcé d’attendre qu’il ne reste que le suicide pour en parler. Vous êtes libre d’en parler à tout moment de la crise. Le professionnel évaluera où est ce que vous vous situez dans la crise et pourra agir en conséquence. Nous devons prendre en compte à la fois l’alliance avec notre patient (qui est un ingrédient indispensable au bon fonctionnement de la thérapie) mais également sa sécurité. C’est un fil sur lequel le patient et le professionnel sont tous les deux.

Une hospitalisation n’est pas un événement anodin, mais l’hospitalisation n’est pas forcée de se faire dans l’urgence, c’est quelque chose que l’on peut préparer afin de mettre en place une mise à l’abri de quelques jours pour prévenir la crise. Une hospitalisation peut aussi se faire en prévention de la crise. C’est une pause, une parenthèse où vous êtes libérer de vos obligations habituelles pour ne penser qu’à une seule chose : vous et votre mieux être sans les contraintes du quotidien.

« Si j’en parle, vous allez le dire à mes parents » (Version enfants/ados)

De même que pour la crainte de l’hospitalisation, en parler aux parents n’est pas nécessairement une obligation si l’enfant ou l’adolescent a plus de 15 ans. Il faut pouvoir prendre en compte le contexte familial également. On peut par exemple, passer un contrat avec l’adolescent d’être présent à la séance prochaine, chaque semaine. On peut également mettre en place un plan de sécurité pour prévenir la crise, ce sont des choses que l’on peut mette en place ensemble, en équipe, pour préserver l’alliance. Si le risque est trop fort et qu’il y a un danger immédiat, les professionnels sont dans l’obligation d’en faire part aux parents afin qu’il y ait une action qui soit mise en place. MAIS, encore une fois, l’annonce aux parents peut se préparer, l’adolescent n’est pas forcé de le faire et de le faire seul. C’est également le rôle du psychothérapeute de pouvoir accompagner l’adolescent dans ce moment difficile. L’annonce aux parents n’est pas forcé de se faire dans l’urgence, elle peut également se préparer afin de prévenir la crise.

La crise suicidaire doit toujours être prise en sérieux, ce n’est ni du chantage, ni une « crise d’adolescent », ni un caprice. C’est une crise psychique dont le risque majeur est le suicide. Invalider ce que la personne ressent dans ces cas-là, vient alimenter le processus en marche durant la crise et peut l’aggraver.

Voici quelques ressources pour les proches, les personnes concernées et les professionnels :

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s