Je verrai toujours vos visages

Pendant mes congés, je suis allée voir un film dont j’avais entendu pas mal parlé. « Je verrais toujours vos visages » de Jeanne Herry.

Tout au long du film, nous allons suivre plusieurs personnages autour d’un seul et même thème : la justice restaurative.

Voici la définition de ce que représente la justice restaurative : « La justice restaurative offre un espace confidentiel, sécurisé et volontaire, de parole et d’échanges sur les ressentis, les émotions, les attentes de toutes les personnes concernées par l’infraction et ses répercussions.

Elle consiste à faire dialoguer, avec l’aide d’un médiateur neutre et formé, une victime, l’auteur d’une infraction ou toute personne concernée.

Elle vise la reconstruction de la victime, la responsabilisation de l’auteur de l’infraction et sa réintégration dans la société. »

Durant le film, nous allons suivre le parcours des victimes s’étant porté volontaire pour cette expérience, voulant comprendre pourquoi les auteurs d’infraction font ce qu’ils font. Nous suivons également les auteurs d’infraction et les animateurs bénévoles qui sont présents pour rencontrer et accompagner les deux parties.

Nous apprenons alors que la justice restaurative peut se faire sous plusieurs formats et qu’elle regroupe des personnes étant concernées par le même type de crime. Ici, pour le groupe, il s’agit des braquages avec violences. Mais nous suivons également le parcours de Chloé, victime d’abus sexuels qui souhaite intégrer le dispositif en individuel.

C’est un film très fort, tant par les thématiques abordées que par la justesse avec laquelle le vécu de tous les protagonistes est illustré. Nous percevons l’évolution des relations entre les membres du groupe qui va perdurer sur 5 séances.

De par mon travail, je suis amenée à rencontrer beaucoup plus de victimes, mais il peut m’arriver de rencontrer des auteurs également. Que cela soit d’un côté comme de l’autre, j’ai été frappée par la finesse avec laquelle les paroles des protagoniste ont été retranscrites. J’avais parfois l’impression d’entendre certains de mes patients, au mot près.

J’ai beaucoup aimé voir la formation des bénévoles qui souhaitent devenir animateurs en justice restaurative. On sent bien que ce n’est pas quelque chose de simple, que cela prend du temps sur la vie privée, que les proches peuvent ne pas comprendre la démarche. Cela dénote d’une grande ouverture d’esprit !

Tous les personnages sont attachants à leur manière. C’est ce côté non-manichéen qui m’a tout de suite plus. Cette ouverture suffisamment grande chez des personnes issues d’horizons différents, pour accompagner à la fois des victimes et des auteurs de crime dans une démarche de réparation psychique.

Il y a tout une scène au début du film, durant la formation des animateurs qui viennent de finir un jeu de rôle, qui m’a scotché et qui devrait être vue par toutes les personnes s’engageant dans des métiers auprès de personnes vulnérables. Je la retranscrirais ici dès que je le pourrais. Mais juste ces mots lorsqu’un des participants dit « Je comprends » – « Tu ne peux pas comprendre ce que cette personne vis, tu ne peux que l’imaginer. »

C’est un film qui fait réagir. Je l’ai trouvé beau, fort, émouvant, douloureux, juste. Il fait partie de ces films qui nous font réfléchir et personnellement c’est un des style que je préfère.

Si vous ne l’avez pas encore vu, je vous le conseille fortement ! Cependant, il aborde des thèmes difficiles parfois dans le détails. C’est typiquement quelque chose que je pourrais faire en plus de mon travail. Mon coup de cœur cinématographique de ce début d’année 2023.

/!\ Je préfère noter cependant les Trigger Warning si vous avez envie d’aller le voir : TW inceste, abus sexuels, agression physique, séquestration.