Pathologies et soins

TCC et Hallucinations

Cet article se centrera davantage sur la prise en charge des hallucinations auditives et visuelles car il y a peu de littérature sur le reste pour le moment.

Il faut savoir que dans la prise en charge des hallucinations, les hallucinations ne sont pas un problème s’il n’y a pas de détresse associée. Ce que l’on prend en charge en TCC des hallucinations c’est la détresse associée et les croyances liées aux hallucinations.

Comme pour la prise en charge des idées délirantes, la psychoéducation du phénomène hallucinatoire n’est pas une obligation. Elle peux se faire seulement si le patient est désireux de comprendre et qu’il a des questions. C’est surtout l’alliance qui va être importante et si la psychoéducation va à contre-sens de l’alliance, on n’en fait pas forcément. Il existe différents supports pour réaliser la psychoéducation des hallucinations : Les fiches de Dr Igor Thiriez sont très intéressantes et permettent une compréhension claire pour le patient.

Avant de mettre en place quoique ce soit, il est important d’explorer le phénomène hallucinatoire et le rapport qu’entretient la personne avec ses hallucinations. Pour cela, il est préférable d’utiliser les termes qu’emploi la personne concernée (si la personne utilise le mot « révélations » ou « pensées », on reprend ses termes.) même si ce n’est pas le mot “hallucination”. Il peut exister également une ambivalence dans la relation aux voix. Parfois elles peuvent être utiles ou tenir compagnie.

Lors de l’exploration des voix, nous allons évaluer la relation qu’entretient la personne avec celles-ci (qui elles sont, ce qu’elles font, quelle influence elles ont…) , les conséquences émotionnelles et les pouvoirs de la (ou des) voix. Nous pouvons aussi nous servir de ces échelles (liste non exhaustive) :

  • BAVQ (Beliefs About Voices Questionnaire),
  • PSYRATS- Voices (Psychotic Symptom Rating Scale),
  • AHRS (Auditory Hallucination Rating Scale).

Pour faire face aux voix et à la détresse associée, les personnes concernées ont en général, trois types de stratégies :

  • Cognitives : penser différemment, se rassurer.
  • Comportementales : faire quelque chose pour se distraire.
  • Physiologiques : modifier ses sensations corporelles : dormir, prendre une douche…

L’idée, c’est de voir ce que la personne met déjà en place pour l’aider à améliorer ses techniques.

Dans l’approche cognitive, nous allons tenter de modifier la croyance que la personne a sur la voix. Car c’est cette croyance qui fait souffrir.

Ex : “Si je n’obéis pas à ma voix, elle va me punir”.

On va alors pratiquer l’affirmation de soi à propos des voix, apprendre au patient à s’affirmer devant sa voix. Travailler en restructuration cognitive sur la croyance.

Dans l’approche comportementale, l’idée est de faire le point avec le patient sur ce qu’il met déjà en place pour les améliorer, avant de lui suggérer quoique ce soit de nouveau. Il s’agira aussi de trouver les évitements. Par exemple “J’évite de prendre un café avec ma collègue car ma voix me dit qu’elle veut m’empoisonner”. On expérimente dans la réalité en s’exposant.

Lors de mes enseignements en TCC, nous avons pu voir certaines techniques comportementales pour les hallucinations visuelles. Notamment l’astuce de prendre en photo l’endroit où on a l’impression de voir quelque chose. Et de continuer à travailler sur la croyance liée à ce qu’on a vu. Peu importe le type d’hallucination, le principal est de centrer l’entretien sur la détresse perçue.

Saviez-vous que nous pouvions prendre en charge les hallucinations en TCC ?

Pour aller plus loin :

  • Formation Accept Voices de Thomas Langlois
  • Formation ASADIS sur la TCC des Hallucinations auditives et visuelles
  • « J’entends des voix » de Thomas Langlois
  • « Psychothérapie des Hallucinations » de Frank Larøi, Jérôme Favrod et Renaud Jardri

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