Pathologies et soins

Les rêveries compulsives

Selon Eli Somer (2002), professeur de psychologie clinique à l’université de Haïfa en Israël, c’est “une activité fantasmatique intensive qui remplace l’interaction humaine et/ou interfère avec le fonctionnement académique, interpersonnel ou professionnel.

Certaines personnes pourraient dédier plus de 57% de leur état d’éveil à la rêverie. Ce qui les mets en difficultés dans leurs objectifs de vie, leurs relations et leur quotidien de façon plus générale.

Les rêveries compulsives sont un phénomène encore très mal connu de la sphère santé mentale, et pour cause : La rêverie compulsive n’est pas un trouble classé, c’est à dire qu’il ne figure dans aucune classifications internationales (DSM, CIM…) pour le moment. Mais le phénomène existe bel et bien, et regroupe une large communauté sur des forums dédiés ! Plusieurs études ont tenté de rapprocher ce symptôme d’un trouble plus large, comme le TOC, les troubles dissociatifs ou le TDAH. Mais les études ne montrent pas de comorbidités claires entres toutes ces entités cliniques.

Les rêveurs compulsifs accompagnent leurs rêveries dans 80% des cas de mouvements répétitifs comme : marcher de façon circulaire ou se balancer : c’est une façon pour eux d’initier et maintenir la rêverie, tout comme la musique.

Les rêveurs compulsifs savent très bien faire la différence entre le fantasme et la réalité. Il n’y a aucune confusion entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas.

Les facteurs de détresse associés à la rêverie compulsives sont :

  • La difficulté à contrôler ce besoin de rêver/fantasmer.
  • La crainte que le temps passé interfère avec les relations réelles et les objectifs de vie.
  • Un fort sentiment d’embarras face à ce phénomène.
  • Des efforts importants qui sont fournis pour garder ce comportement caché.

Contrairement à ce que Somer (2002) pensait au départ, les rêveries compulsives ne seraient pas uniquement une stratégie d’adaptation face à un passé traumatique. En effet, 70% des participant à l’étude de Bigelsen et al (2016) ont déclaré ne pas avoir subi de traumatismes dans l’enfance.

Bigelsen et al (2016) ont identifié des thèmes récurrents chez les rêveurs compulsifs : être une célébrité ou d’avoir une relation avec une célébrité (37%), d’avoir une vision idéalisée de soi (34%) et d’être impliqué dans une relation amoureuse (34%). Ils signalent aussi rêver d’histoires avec des personnages fictifs empruntés dans des livres/films/séries (17%). Alors que chez les rêveurs classiques, le contenu est plus souvent basé sur des faits réels (39%) ou la réalisation de souhait (34%).

La rêverie compulsive pourrait avoir comme fonction de réguler ses émotions. L’étude de Greene et al (2020) suggère qu’une faible capacité de régulation des émotions est associée à un degré plus élevé de symptômes liés à la rêverie compulsive. Cependant, comme nous l’avons vu, les personnes pratiquant la rêverie compulsive pourrait tomber dans un engrenage avec perte de contrôle qui serait plus délétère pour eux.

Stratégie oui ! Mais pas très fonctionnelle !

La rêverie compulsive est un phénomène mal connu qui doit être davantage exploré de manière générale par les chercheurs et les cliniciens. Mais également durant vos entretiens cliniques afin d’avoir plus d’informations sur la fonction de ce symptôme.

Il n’y a pas de thérapies clairement identifiées pour la prise en charge des rêveries compulsives mais des thérapies centrées sur la régulation émotionnelle pourraient être intéressantes à mettre en place. Ainsi que des stratégie utilisée dans la dépendance comportementale.

Et toi tu as déjà expérimenté ce phénomène ? Tu connaissais ?

  • Somer, E. (2002). Maladaptive daydreaming: A qualitative inquiry. Journal of Contemporary Psychotherapy32, 197-212.
  • Bigelsen, J., Lehrfeld, J. M., Jopp, D. S., & Somer, E. (2016). Maladaptive daydreaming: Evidence for an under-researched mental health disorder. Consciousness and cognition42, 254-266.
  • Greene, T., West, M., & Somer, E. (2020). Maladaptive daydreaming and emotional regulation difficulties: A network analysis. Psychiatry research285, 112799.
  • Schupak, C., & Rosenthal, J. (2009). Excessive daydreaming: A case history and discussion of mind wandering and high fantasy proneness. Consciousness and cognition18(1), 290-292.
  • Uhrig, S. (2020). La rêverie compulsive: les aceros à l’imaginaire. Cerveau Psycho118(2), 82-87.

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