Pathologies et soins

Les thérapies comportementales, cognitives et émotionnelles (TCCE)

Après vous avoir présenté le dernier livre que j’avais lu sur les TCCE, j’avais envie de faire un petit point sur ce type de psychothérapie. Beaucoup de mes collègues vous en ont déjà parlé, ce que je souhaite faire ici n’est donc pas une redite du travail qu’elles ont déjà effectué. Mais plutôt de partir des préjugés que l’on peut avoir sur ces techniques et les déconstruire afin que vous puissiez mieux visualiser ce que sont ces fameuses thérapies comportementales, cognitives et émotionnelles.

Comme vous le savez déjà sans doute, en psychologie il existe différents courants thérapeutiques, différentes techniques auxquelles on commence à se former lors du Master. Parfois dans les universités, il y a une vision assez dichotomique de la psychothérapie. On nous propose de choisir entre un parcours psychanalytique ou un parcours TCC/Neurosciences. Heureusement, certaines fac proposent un mélange de tout cela et nous initient à plusieurs techniques et approches durant notre cursus : c’est ce que l’on peut appeler des master clinique dits « intégratifs ».

Lors de mon Master nous étions mélangés dans certains cours avec les étudiants en parcours psychanalytique. J’étais plutôt contente d’avoir les deux, personnellement. Mais lorsque l’on a commencé à voir les TCC, certaines idées reçues et parfois très dures à entendre sont apparues. « Les TCC c’est du dressage.. » ; « vous déplacez le symptôme » ; « Vous ne traitez que la surface du problème » … L’ennui c’est que ces idées persistent encore injustement et sont en réalité le fruit d’une méconnaissance de ces thérapies, c’est pourquoi on en parle ici aujourd’hui.

Un très bref rappel

En thérapies comportementales, cognitives et émotionnelles vous l’aurez compris, il y a trois vagues :

  • Cognitive : Si l’on choisit de prendre en charge quelqu’un avec les techniques issues de cette vague nous traiterons tout ce qui touche aux cognitions (pensées).
  • Comportementale : Avec cette vague nous nous intéressons à ce que ces pensées peuvent générer comme comportements « problèmes » et nous utilisons des techniques qui permettent de réapprendre des comportements qui ne sont plus sources de souffrance.
  • Emotionnelle : Avec cette troisième vague, on s’intéresse tout particulièrement à l’aspect émotionnel.

En réalité ces trois éléments sont en constante interaction. Si nous prenons l’exemple d’une personne qui souffre d’un épisode dépressif. Les symptômes vont agir sur ces trois composantes. Et bien, en TCCE, nous allons agir, à l’aide de techniques spécifiques, sur les cognitions, sur les comportements et sur les émotions. Si l’on agit sur l’un cela a également un effet sur l’autre. Vous voyez ?

Par exemple, pour agir au niveau cognitif nous pouvons utiliser la restructuration cognitive, qui permet de discuter les pensées qui font souffrir («  Je ne vaux rien ») et de trouver plusieurs pensées alternatives à celles-ci. Sur le plan comportemental nous pouvons utiliser l’activation comportementale. Puis d’un point de vue émotionnel nous pouvons utiliser des techniques issues de la thérapie ACT (accepter plutôt que lutter contre, se tourner vers ses valeurs) et la Mindfulness (médiation pleine conscience).

Les TCCE sont bien évidemment plus compliquées à mettre en place avec un patient, que ce que je vous expose ici. Il y a plusieurs étapes qui précèdent l’utilisation des techniques sur les trois éléments. Il s’agit ici, de vous expliquer le fonctionnement avec un exemple clinique.

Les idées reçues sur les TCCE

« Cela ne traite que le symptôme pas la cause » ; « Cela déplace le symptôme »

Je me dis que ces idées reçues sont peut-être dû au fait qu’en TCCE, on se centre sur « l’ici et maintenant » et qu’on veut traiter ce qui fait souffrir le patient en ce moment. Mais ce n’est pas pour cela que l’histoire du patient n’est pas explorée. Au contraire ! Par exemple pour trouver d’où vienne les pensées parasites, il faut creuser pour trouver la croyance de base. Cela nécessite donc de creuser dans l’histoire du patient.

Dans la thérapie des schémas de Young, il faut explorer les schémas précoces des patients d’où découle certains de leurs comportements qui les font souffrir, ainsi que l’histoire familiale et les attitudes parentales. Les TCCE ne sont pas des psychothérapies qui traitent en surface, ce n’est pas un pansement. Bien au contraire.

« Cela ne marche pas sur le long terme » 

Les TCCE font partie de ce que l’on appelle les thérapies brèves. En principe, c’est une thérapie que l’on ne fait pas sur des dizaines d’années comme peut l’être une analyse par exemple et en même temps cela n’a pas le même objectif. Ce que j’aime dans les TCCE, c’est qu’avec le patient, nous formons une équipe. Nous travaillons ensemble pour apaiser ce qui le fait souffrir actuellement. Et donc le thérapeute TCC est amené à donner au patient des exercices à réaliser entre les séances pour que les effets de la thérapie perdurent. C’est un apprentissage et comme tout apprentissage si on cesse de s’entraîner, parfois les effets s’estompent. Mais ce n’est pas toujours le cas !

De plus, l’étape de l’analyse fonctionnelle permet au thérapeute, d’identifier les facteurs déclenchant et de maintien du problème. Donc en toute logique, si la thérapie est bien faite, nous agissons également sur ces fameux facteurs déclenchant et de maintien.

Mais, aucune thérapie n’est efficace à 100%, nous ne sommes que des Moldus. Croyez bien que si nous avions une thérapie miracle pour faire disparaître tous les problèmes, nous serions plus que ravis. Ce qu’il y a de bien avec les TCCE, c’est que l’on vous donne des clés, des outils et si jamais vous sentez que certaines choses reviennent ; vous pouvez faire appels à ces outils pour continuer d’avancer.

« La psychoéducation c’est du dressage »

La psychoéducation consiste à expliquer au patient le fonctionnement de son trouble. Je l’utilise personnellement avec certains de mes patients. La psychoéducation joue un rôle important dans la prévention des rechutes. Plus un patient connaît son fonctionnement, plus il pourra repérer les signes avant coureur d’une rechute plus il pourra mettre en place des stratégies pour éviter la rechute et donc l’hospitalisation. Cela s’est vérifié à travers de nombreuses études sur le trouble bipolaire notamment.

J’insiste sur le fait qu’une formation est nécessaire pour pouvoir proposer une TCC à un patient. Malgré le caractère accessible de certaines techniques comme l’affirmation de soi et la relaxation, ce n’est pas une prise en charge qui s’improvise. Une formation en TCC c’est 2 à 3 ans de formation post-universitaire. De plus, la plupart des organismes de formation en TCC ne sont accessibles qu’aux professionnels de santé. Voici une liste de quelques organismes sérieux :

Si vous êtes étudiants et que vous souhaitez faire un Master en TCC voici ceux dont j’ai connaissance :

  • Master psychologie clinique en TCC de Strasbourg
  • Master Psychologie : Parcours TCC à Lille
  • Master Psychologie clinique et psychopathologie en TCCE à Nîmes
  • Master Psychologie clinique et psychopathologie : Parcours Empirique et TCC à Paris 10 Nanterre.

Enfin, si vous êtes simplement curieux ou que vous souhaitez en savoir plus sur les TCC de manière générale, voici quelques livres à lire  (cette liste n’est pas exhaustive et il en existe une multitude concernant chaque type de prise en charge) :

  • Introduction aux TCC de Cyrille Bouvet
  • 11 cas cliniques difficiles en TCC de Cyrille Bouvet, Nathalie Camart, et al.
  • Les psychothérapies comportementales et cognitives de Jean Cottraux
  • Cas cliniques en TCC de Jérôme Palazzolo
  • Guide clinique des TCC par O.Fontaine et P. Fontaine.
  • L’entretien en TCC de C. Mirabel-Sarron et L. Vera
  • L’aide-mémoire des TCC de B. Monié, F. Chapelle, M. Willard et al.
  • Les TCCE en 150 fiches de C. Lecomte et D. Servant
  • Thérapies cognitives et émotions de Jean Cottraux
  • TCC chez l’enfant et l’adolescent de L. Vera

Vous connaissiez ce type de thérapies ? Avez-vous entendu d’autres remarques à son sujet ?

11 réflexions au sujet de “Les thérapies comportementales, cognitives et émotionnelles (TCCE)”

  1. Bonjour,
    Je n’ai pas de parcours général et je suis issue d’un bac pro.
    Que dois-je faire à votre avis pour entamer un cursus en psychologie et me spécialiser dans le dvlp de l’enfant, je suis adulte j’ai quitté les bancs de l’école depuis longtemps . Merci

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